Le club de Michel Pagel / Les moutons électriques
Longtemps, ils avaient été CINQ.
François, Claude, Mick, Annie et Dagobert, quatre enfants et un chien, ont autrefois formé un Club et vécu bien des aventures extraordinaires. Trente ans plus tard, le chien est mort depuis longtemps quand trois membres du Club, devenus adultes, séparés par la vie, sont invités par le quatrième à l’endroit même où ils passaient leurs vacances dans leur enfance.
Bientôt, alors que la maison est isolée par d’importantes chutes de neige, la vieille mère de Claude est assassinée… Mick est-il le responsable, comme semble le penser François ? À moins qu’un assassin se dissimule dans les environs enneigés ? Et pourquoi Claude se retrouve-t-elle régulièrement projetée sur un rivage anglais, à la rencontre d’enfants et d’un chien ressemblant singulièrement à ceux qu’ils étaient autrefois, elle et ses cousins ?
Dans un huis clos étouffant, écrit comme un thriller, une fable magistrale sur l’imaginaire de l’enfance, nos peurs, nos doutes.
Mon avis :
Lorsque j’ai lu le résumé, je me suis dit : « chouette, un roman qui nous raconte la suite du club des cinq devenus adultes, ça doit être intéressant ! », puis j’ai commencé ma lecture et j’ai senti rapidement un malaise s’installer : mais qu’est-ce que l’auteur avait fait des héros de mon enfance ? Claude, le garçon manqué, la fille non conventionnelle (surtout pour l’époque) dans laquelle je me reconnaissais est devenue une adulte à la sexualité compliquée. François, le réfléchi, s’est métamorphosé en un personnage cassant, moralisateur, rancunier, désagréable avec chacun, un policier sans aucune vie personnelle. Annie, la douce et gentille, divorcée trois fois, à présent désenchantée, maltraite sa fille dont elle ne supporte pas l’existence. Et Mick, peut être le plus heureux de la bande car en couple avec Jo la Gitane, ne fréquente plus son frère qui ne lui pardonne pas son passé de délinquant et son union avec Jo.
Bref, on a vandalisé mon enfance, kidnappé mes héros et on les a transformés en une vision distordue et glauque de leur personnalité !
Oui mais pour autant, je n’ai pas lâché un instant le roman, le dévorant même d’une traite. Michel Pagel réussit parfaitement à entretenir le suspense : pourquoi sont-ils devenus ainsi ? Que se passe-t-il à la villa des Mouettes ? Pourquoi ces meurtres et que veulent les originaux anglais du Club des cinq qui apparaissent à Claude ? On veut savoir la suite et résoudre le mystère de ce nouvel épisode de la série.
J’arrête là pour ne pas dévoiler toute l’histoire mais je dirais pour finir, que ce n’est pas un roman qui laisse indifférent : il prend aux tripes, nous interroge sur nos rapports avec les personnages et le souvenir qu’ils laissent dans nos mémoires, sur l’empreinte qu’ils laissent dans notre psyché. J’en reste avec un sentiment de soulagement : non, Michel Pagel ne m’a pas gâché mon Club des cinq, il a joué avec, l’a un peu abîmé mais finalement me l’a rendu intact.